La maîtrise d’ouvrage publique a un rôle majeur à jouer dans les indispensables mutations que doit engager le secteur de la construction. Elle se doit d’oser là où d’autres acteurs ne peuvent qu’avancer timidement. En rédigeant un cahier de consultation qui exige de la maîtrise d’œuvre une conception alliant frugalité constructive et matériaux biosourcés, géosourcés ou issus de l’économie circulaire, la Ville de Châtenay-Malabry s’inscrit dans des stratégies territoriales plus largement menées par la Région Île-de-France.
La commande publique soutient les dynamiques nécessaires au développement des filières chanvre ou terre-crue, comme elle participe à la consolidation des économies circulaires liées aux terres d’excavation ou aux matériaux de démolitions, ou encore offre un champ d’actions aux suites à donner au plan national de recyclage du béton dans le béton… autant d’études qu’il est temps de mettre en pratique.
Le programme du groupe scolaire met ainsi en œuvre des techniques alternatives, analyse leur impact environnemental réel, étudie les blocages éventuels, tant techniques que réglementaires ou sociologiques.
Identifier les leviers d’optimisation et de mise en œuvre des outils et moyens de la reproductibilité de ces nouvelles pratiques constructives est l’un des enjeux.
Favoriser leur développement à l’échelle francilienne relève d’une cohérence territoriale, génére des emplois locaux, valorise de nouvelles compétences et savoir-faire.
Le choix d’une école expérimentale construite avec les ressources minérales disponibles sur site : terre crue et agrégats de béton recyclés
Le bâtiment se dessine autour du paysage et des enfants. Il s’insère dans la pente et s’ouvre sur la coulée verte et la ferme urbaine. La création de trois grandes terrasses définit les localisations et les accès des 3 entités principales associées à leur cour de plain-pied : maternelles à rez-de-chaussée bas, élémentaires et sport à R+1, cuisine centrale sur la grande voie des vignes. Les classes sont au calme et bien orientées Nord/Sud. Les restaurants se trouvent de plain-pied sur les cours de chaque section.
Les espaces communs et sportifs créent un front urbain animé sur le cours des Commerces. L’organisation répond parfaitement au fonctionnement du groupe scolaire évitant tous croisements de flux et tout engorgement, afin de garantir une ambiance douce et apaisée à l’échelle de l’enfant.
Les élèves profiteront d’un cadre sain. Le bâtiment est un outil pédagogique au travers de l’utilisation de matériaux biosourcés et géosourcés, d’une lumière naturelle généreuse et de la mise en place de ventilation naturelle.
Le bois, la terre et le végétal y sont omniprésents. Le projet met en œuvre des principes de biophilie participant au bien-être et à l’éveil des élèves, favorisant l’attention et la concentration, tout en améliorant la qualité de l’air intérieur des classes.
Le bâtiment est fertile.
Le végétal s’étend sur les toitures-prairies et dans les cours arborées. Le jardinage est enseigné aux enfants à travers des potagers en lien direct avec la ferme urbaine voisine.
La conception frugale part des ressources disponibles sur le site.
Les gravats de démolition sont utilisés en grande quantité dans le béton de site recyclé sec et damé en lits horizontaux. Les murs en terre crue, issus de terres de déblai, sont présents dans toutes les circulations principales et seront un fil directeur, procurant inertie et confort à chaque classe.
La structure est épurée, façades porteuses et structure bois apparente à l’intérieur permettent une grande flexibilité des aménagements et une réversibilité du bâtiment.
Avec :
> Carl Segaud, Maire de Châtenay-Malabry, Conseiller régional d’Île-de-France, Vice-Président du Territoire Vallée Sud Grand Paris en charge de l’aménagement et de la politique de la ville.
> Valérie Depelley,directrice adjointe des Services Techniques, Ville de Châtenay-Malabry
> Emmanuelle L’huillier, architecte, conseillère en développement durable, Ville de Châtenay-Malabry
> Samuel Delmas, architecte, a+ samueldelmas architectes